3.1 RENCONTRE PRESQUE FORTUITE

 

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  • Paris était quatre fois en joie ce 21 juin de l'année 1992 : L'été célébrait son premier jour en habillant le ciel d'un soleil radieux pour fêter les pères et la musique. En plus, c'était dimanche. Jean-Pierre, ce jeune humain, ne se doutait pas, quand il ouvrit les yeux, que tout ce qui rendait cette journée si agréable le concernerait pleinement.

  • Il déplia les volets de son logement de la rue Lepic, située dans la partie nord de la ville. Il reconnut le chant joyeux des martinets, et un refrain fameux joué par un gros accordéoniste qui faisait la quête. La fête de la musique commençait bien.

     

    Le jeune homme se pencha par sa fenêtre, il était huit heures du matin et les étalages de fruits et légumes finissaient de se monter. Il se sentait d'excellente humeur contrairement aux jours précédents, et se hâta d'enfiler ses habits un peu usés.

    Je contrôlais la situation de mon poste car j'avais choisi ce jeune homme comme père adoptif. Jean-Pierre dévala les escaliers quatre à quatre avec l'intention de profiter de sa bonne humeur et de la belle journée.

    Dans la rue, le marché commençait à s'animer et des vendeurs de propagande politique essayaient déjà, vainement, d'accrocher les passants Il prit la côte dans te sens difficile avec comme objectif premier d'acheter deux préparations a base végétale dites "croissants", les meilleures se trouvant plus haut, " place des Abbesses ". En montant, à l'angle de la rue Véron, il croisa l'étal d'une des nombreuses boucheries avec son odeur de viande. C'était pour lui toujours un passage difficile et plus encore depuis les prises de position publiques d'un artiste végétarien de sa planète nommé Mc Cartney. De toutes façons, depuis son plus jeune âge, l'idée de se nourrir de cadavres d ' êtres qu'il considérait comme des amis, ne lui plaisait guère ; il préférait de loin manger des " croissants au beurre ". Le jeune homme tenait cette aversion de sa vieille âme, incarnée plusieurs siècles auparavant chez un humble paysan des montagnes tibétaines et mon choix en sa faveur tenait compte de cette expérience.

    Il arriva sur cette " place des Abbesses". Déjà une file de connaisseurs attendait devant la boulangerie, mais quelques minutes suffirent pour obtenir son butin. Sur le trottoir en face, il vit Maurice attablé, devant un soluté alcoolique, à la terrasse d'une buvette.

    Maurice ne correspondait pas au genre de personnages qui l'attiraient spontanément - juste une connaissance de quartier. Pourtant, ce matin, Il ne put s'empêcher de traverser la rue pour le saluer. Maurice flottait encore dans les vapeurs éthyliques de la veille. Il trouva cependant la force de lever les yeux, et il reconnut le jeune homme. A ses cotés, une jeune femme aux cheveux noués avalait une boisson noire à petites gorgées. Maurice s'acquitta des présentations d'usage, et proposa à l'ami de se joindre à eux. Jean-Pierre s'assit sans se faire prier ; il connaissait déjà le prénom de la ravissante demoiselle aux yeux d'ébène.

    Jacqueline étudiait la peinture aux beaux-arts de la ville de Nice, et elle rendait visite à son cousin Maurice pour la fête de la musique. Elle expliqua qu'elle ne quittait sa belle ville ensoleillée qu'à cette occasion.

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    -" Pour ça, Paris c'est mieux." Dit-elle en riant à belles dents.

    Jean-Pierre fut ravi d'acquiescer tandis qu'une fanfare colorée commençait justement à s'installer en face d'eux. Il commanda une boisson dite " crème bien blanc " en déballant ses croissants. La fille en accepta une moitié, et le cousin Maurice but son verre d'une traite avant d'en demander un autre (une légère impulsion électrique, précisément ciblée dans la région de l'hypothalamus, me permettait de provoquer chez lui cette belle soif ). Le serveur posait à peine le bock sur la table qu'il était déjà vidé. L'harmonie entama alors à pleine puissance les premières notes d'un flot de vibrations musicales après que le leader eut annoncé :

    -" Du célèbre Cole Porter : " I love Paris "

     

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    Maurice pensa tout haut qu'il devrait mieux rejoindre son lit plutôt que de risquer une commotion cérébrale. Grâce à la stimulation des synapses hédoniques que j'opérais sur elle Jacqueline ne le retint pas et je n'eus même pas a intervenir sur Jean-Pierre. La jeune femme commanda un autre " express " avec la deuxième moitié du croissant qui lui était offerte. Comme les humains du sud, elle parlait beaucoup ; mais je n'étais pas complètement étranger à sa prolixité. L'atmosphère de la " place des Abbesses " favorisait à merveille la production d'un carburant de la reproduction humaine appelé " Amour " ; Elle incita le jeune couple à écouter pendant près d'une heure tout le répertoire et les rappels de la fanfare du 18ème arrondissement de Paris. Jacqueline se déclara très contente après la brillante prestation qu ' elle venait de voir mais la troupe des musiciens rangeait déjà ses instruments et elle devait trouver rapidement un prétexte pour rester en compagnie de ce garçon aussi sympathique que séduisant. D'autres stimulations électriques bien placées m'aidaient à entretenir "cette illusion destinée à perpétrer la race - l'Amour." selon l'expression même d'un éthologiste terrien nommé Konrad Lorenz, dont l'œuvre intéressa nos explorateurs.

    -" Ne donne-t-on pas un concert place de la Nation ?" Lança Jacqueline au hasard. Le jeune homme confirma qu'une grande représentation musicale aurait lieu mais "place de la Bastille"; Cependant, le spectacle ne commencerait pas avant 19 heures.

    Dans un éclair de génie, il ajouta :

    -" En attendant, je peux te faire visiter la capitale."

    Je les aidais de moins en moins dans leurs travaux d'approche. Enfin, mes tourtereaux descendaient une rue "Houdon" et en découvrant la population, je convenais que, pour admettre des contrastes aussi remarquables l'humanité, et ce qui l'entourait, avaient été effectivement bien vite conçus. Ils arrivaient maintenant à la fontaine de la place mais je n'étais pas là pour faire du tourisme et j'activais, grâce à des stimuli électriques, la sécrétion d'hormone LHRH dans le sang de mes futurs géniteurs. Au lieu de continuer leur chemin tout droit, le garçon proposa de remonter le boulevard de Clichy jusqu'à la place Blanche. Jacqueline accepta sans se faire prier. Elle fut tout de même surprise par l'étalage d'une telle indécence dans les boutiques de sexe, avec quoi Pigalle s'était taillé sa meilleure réputation mondiale. Son confrère Germain Pilon, sculpteur du "Christ Ressuscité", représentait un autre aspect de la contradiction humaine, en donnant son nom à une des rues les plus sordides du quartier - ils la croisaient en ce moment même.

    Chez l'humain, la chimie étant plus puissante que les grands sentiments, cette luxure affichée attisa plus encore l'excitation sexuelle que j'avais enclenchée chez mes deux cibles. Ni le souvenir de l'humble paysan tibétain qu'avait connu Jean-Pierre ni celui de la carmélite, que l'âme de Jacqueline avait habitée, ne résista aux libidos qui culminaient. Arrivés à l'angle de la rue Lepic, Jean-Pierre proposa une visite de son petit studio et quelques minutes après, j'assistais aussi intrigué qu'intéressé à une démonstration de colt Ininterrompu avec bientôt le résultat escompté.

     

      la suite

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